Trente ans après la chute du régime khmer rouge, le Cambodge n’a pas encore pansé toutes ses plaies.  

Nous nous sommes rendus dans le pays pour tenter de dresser un bilan :

 

Le Cambodge est-il prêt aujourd'hui à affronter son passé ou le procès khmer rouge n’est-il que de la poudre aux yeux pour contenter la « communauté internationale » ?

 

Peut-on parler de justice alors que victimes et bourreaux cohabitent toujours dans les campagnes et que nombre d’anciens khmers rouges occupent encore des postes de pouvoir ?

 

Aujourd’hui plus que jamais, un travail de mémoire, d’éducation et de justice semble nécessaire si le Cambodge veut affronter son passé, afin de bâtir son avenir....

 

Entre 1975 et 1979, un quart de la population fut massacrée suite à la folie meurtrière de l’Angkar. Selon les historiens, le bilan oscille entre 1,7 et 2 millions de victimes.

Ces massacres ne sont pas reconnus comme « génocide » au niveau international, car ils ne cadrent pas avec la définition officielle de l’ONU.

Néanmoins, cette vision n’est pas partagée par tous. Certains spécialistes ont toujours considéré les massacres commis par les Khmers Rouges comme un génocide.

Lorsque l’on visite les lieux où se sont commis les atrocités, cela semble une évidence...

 

Au centre de torture S-21, les couloirs interminables de portraits de victimes, minutieusement photographiées et numérotées, prouvent l’organisation de la machine de mort khmer rouge.

Difficile de mettre en doute le caractère systématique des massacres.

Celui ci saute aux yeux lorsqu’on visite Choeung Ek, qui n’est que l’un des 380 sites d’extermination retrouvés à ce jour.

Un autre élément crucial est la question du nombre. Plus de 20.000 fosses communes retrouvées à ce jour, près de 2 millions de victimes.

Devant une telle ampleur, les massacres n’ont rien d’un « accident politique ».

 

Aujourd’hui, le pays semble se retourner sur son passé le plus sombre.

Un tribunal spécial, les « Chambres Extraordinaires au sein des Tribunaux Cambodgiens » (CETC) a enfin été mis sur pied pour juger les responsables des massacres. Même s’il est d’ores et déjà critiqué (pour ses lenteurs, des allégations de corruption et pour le nombre réduit d’inculpés), le « tribunal khmer rouge » reste néanmoins le point de départ pour que justice soit rendue aux victimes.

 

En marge du procès, différents projets de « réconciliation nationale » sont mis en place à travers le pays. Expositions, débats publics, campagnes d’information,…Les enjeux sont multiples : Impliquer la population dans le processus judiciaire, l’aider à dépasser son traumatisme et tenter de combler le fossé qui s’est creusé entre survivants et nouvelle génération.